Cela faisait déjà quelques jours que je trépignais à l’idée d’être en vacances et de quitter les cours pour retrouver de nouveaux mes terrains de jeux favoris. Cependant, les vacances commençaient mal puisque j’appris que mon binôme ne m’accompagnerait pas pour des raisons personnelles. Dommage… Je ne me démonte pas pour autant et je convaincs même mon père de m’emmener sur un plan d’eau près de chez moi dès le lundi matin 6H. Bien entendu mon sommeil fut très agité durant la nuit du dimanche au lundi. J’étais excité comme un gosse. Mais enfin mon téléphone se mit à vibrer : C’est l’heure de se lever ! C’est probablement avec quelques cernes que je mange un bout et que je saute dans la voiture chargée la veille. A mon habitude, elle est pleine à craquer et je dois encore pousser quelques sacs et fourreaux pour me faire une petite place. Quelques kilomètres plus tard, les phares de la voiture me permettent enfin d’apercevoir le plan d’eau. A vrai dire je ne le connais pas très bien et dans cette nuit sombre je suis un peu paumé. Je parviens tout de même à trouver mon poste et à décharger la voiture. Ce sera alors ma frontale qui fera office de lumière jusqu’au lever du soleil. J’attends celui-ci avec impatience et je ne sais à peine à quoi m’attendre lorsqu’il éclairera les lueurs de l’eau qui me fait face. Passons. Enfin le jour se lève ! Un peu étourdi, ma frontale restera allumé sur mon front un bon moment. Enfin bref, mon attention ne se portait pas sur mon front mais plutôt sur les sauts de carpes qui n’en finissaient plus. Peu à peu, la lumière s’intensifie et m’apprend que je suis seul sur le plan d’eau. Cela me réconforte.

Ne connaissant pas particulièrement ces eaux, je me suis beaucoup renseigné avant mon départ et particulièrement auprès d’un ami qui fréquente souvent ce lieu, sur les habitudes des poissons, les fonds, les ruisseaux, le cheptel… Et tous les trucs du genre. Ainsi, j’avais déjà quelques armes en mains pour essayer de titiller la frénésie des carpes. Grâce à toute ma préparation antérieure, l’atelier sondage ne s’éternisera pas plus d’une demi heure. Cependant, je décide de contrôler mon excitation et ma précipitation, je choisis de ne pas placer mes lignes tout de suite. Je vais tout d’abord soigner mon amorçage. Quelques lancées et mesures de profondeurs supplémentaires me permettent de comprendre assez rapidement la nature des fonds. Je l’ai trouvé ! Il s’agit du chenal, c’est lui que je cherchais en particulier, et la tresse de mon sondeur me permit de définir un substrat plutôt mou et vaseux avec beaucoup de feuilles. C’est alors à proximité de ce chenal que je vais élaborer ma stratégie d’amorçage et je fonctionnerai avec un amorçage de zone assez conséquent mais précis. En effet, mesures faites, mon marqueur se situe à 92m. Pourquoi un amorçage conséquent ? Tout simplement parce que l’on est en plein automne et que les poissons commencent à vouloir faire leurs réserves pour tenir durant l’hiver. De plus, ce plan d’eau contient plusieurs beaux sujets qui vont d’autant plus avoir besoin de s’alimenter. C’est notamment face à l’importante activité des carpes lors de mon arrivée que j’émets cette stratégie. Et jusque là, la météo n’annonçait rien de bien particulier, un temps calme et doux avec des vent stables. Les poissons pourraient donc aisément se nourrir et commencer leurs réserves hivernales. Pour ce qui en est de mon amorçage, il sera composé de différentes particules naturelles avec notamment de petites crevettes, du chenevis, du maïs doux, des pellets et des farines imprégnés durant une bonne demi heur de top rod arouser nash hemped. Je rajouterais à ce mélange une quantité importante d’asticots pinkies pour réveiller l’appétit des carpes. Ceux-ci auront pour but de créer une frénésie de ces dames sur mon amorçage.

Pour ne rien louper et que tout soit bien clair dans ma tête, je vais même jusqu’à prendre des photos sur mon portable pour y noter mon approche et comment je placerais chaque cannes. Oui, moi-même je suis parfois étonné de mon organisation… Mon binôme serait présent, il aurait du mal à y croire. Mais pensez bien que tout cela ne sert pas à rien et que chaque détail compte. J’entre alors dans un des styles que je préfère, la pêche de précision. Pour augmenter l’attraction de mes esches et la précision, comme à mon habitude, chaque bas de ligne emportera avec lui un stick. Les 92 m qui me séparent de mon amorçage me donneront un peu de fil à retordre pour envoyer ceux-ci. Que voulez vous je ne suis pas un lanceur hors pair et je devrai m’y reprendre à deux fois pour lancer mes lignes aux endroits voulus. La canne de gauche tombera parfaitement au niveau du repère tandis que la canne de droite bénéficiera de trois bon mètres supplémentaires. Ainsi elle tombe pile poil où je le voulais. Précisionement vôtre ! Et oui, c’est important. Mon choix de placer cette deuxième canne un peu en retrait n’est pas un hasard. En effet, avec un peu de lecture et d’expérience, on se rend compte que très souvent les gros poissons n’osent pas se ruer sur l’amorçage et restent un peu à l’écart. Ce-ci explique cela. Je me limite habituellement à deux cannes, mais étant seul sur le plan d’eau je décide de placer une autre canne sur ma bordure de gauche où quelques branches plongent dans l’eau. Seulement quelques billes alimenteront ce spot. Ainsi, chaque canne placée au bon endroit, je sors immédiatement un outil dont je suis adepte et qui ne me quitte plus : le nash spot on line markeur.

Celui-ci me permet en un coup de pinceau de marquer mes lignes au bon endroit pour pouvoir les replacer avec précision lors de la relance. Cependant si l’on change d’avis, un simple glissement d’ongle sur le marquage permettra de l’enlever. Tout étant fin prêt et bien placé, comme dirait habituellement mon collègue : « Ça peuche !». J’en profite alors pour installer tranquillement mon brolly et ranger toute mes affaires lorsque soudain un bip retentit et mon cœur s’emballe. Puis un autre, et Biip Biip Biiiiiiiip ! Départ my friends !! Je prends la canne en main, le fil ne s’arrête plus, la tension est à son comble et il m’a fallu peu de temps pour réaliser que je tenais un gros fish. Tout les moindres gestes deviennent alors important, je fais attention à tout, je suis stressé… Je fais tout pour que le combat se passe en douceur même si ce n’est pas de l’avis du poisson que je tiens. Celui-ci me tire plusieurs dizaines de mètres en un rien de temps, puis revient un peu mais me reprend le double de fil derrière. Avec tout mes efforts et toute la tension qui est en moi, il me faudra prêt de 45 minutes pour ramener ce poisson au bord. Attention ça tourne ! Le combat n’est pas fini. En effet, alors que je n’ai toujours pas aperçu ce poisson, je ressens de nombreux accoues mais les entitys font le job et amortissent les chocs. Lorsque je comprends d’où viennent les accoues, la peur de perdre ce fish augmente puisque c’est tout simplement ma tête de ligne à nue qui se prend dans la dorsale du poisson qui ne cesse de tourner et de tout faire pour ne pas rejoindre mon épuisette. Enfin je la voie monter ! Et là, c’est énorme, les remous et le combat me promettaient déjà un beau poisson mais c’est au dessus de mes espérances. J’aperçois les yeux grands ouvert une big commune ! Quelques minutes plus tard celle-ci rejoint mon épuisette tant bien que mal. Un soulagement hors norme m’envahis… La pression retombe. Mais je n’ai encore pas réalisé l’ampleur du fish qui m’attend dans l’épuisette. En effet, il me faudra de nombreux efforts supplémentaires pour parvenir à la soulever et à la déposer dans le Cradle. « Un poids de voleur ! » comme dirait l’autre. Mon père arrive alors au meilleur des moments, lors de sa pause déjeuner et avec l’appareil photo s’il vous plaît ! Lui-même était très impressionné par la largeur et le poids de cette commune à la robe splendide sous les couleurs automnales. Vient l’heur de la peser, à deux c’est mieux. Voilà que mon premier pesons se bloque à 25 kg, wahou ! C’est vraiment un bœuf ! Heureusement un deuxième peson se trouve toujours dans mon sac et celui ci monte jusqu’à 30kg. Les chiffres affolement, ça monte, ça monte ! Pour arriver finalement à un poids extraordinaire de 27,400 kg. Je suis fou, jeune et passionné et je suis d’autant plus heureux que c’est la première fois que j’ai l’occasion de partager un tel moment avec mon père sur nos berges. On se dépêche, petite séance photo au dessus du Cradle en toute sécurité et puis je réalise l’importance de ce fish pour moi.

C’est alors sans hésitations, que ma jeunesse et mon inconscience me font poser le pantalon, et hop à l’eau en caleçon ! Ça rigole et j’en serais malade quelques jours plus tard mais je ne regrette pas du tout. J’ai ainsi pu accompagner le retour de cette magnifique commune dans ses eaux, la remercier comme j’ai pu et lui dire à bientôt.

Un peu nostalgique mais tellement heureux, je laisse repartir mon père bosser. Il me fit remarquer que l’on est pas tous en vacance. J’en ai de la chance ! Je me remit peu à peu de mes émotions et je préparais à nouveau ma canne pour qu’elle retourne piéger une carpe pourquoi pas. On ma toujours dit « un appât qui a pris un poisson peut en reprendre un autre » et puis j’ai confiance donc je vais remettre exactement la même présentation en prenant soin de refaire mon bas de ligne tout de même puisque celui-ci à vu du lourd. Je prends aussi le temps de changer ma tête de ligne un peu amoché.

Le montage gagnant de cette session est un D-rig monté avec un micro émerillon, le tout sur un fluorocarbone pour le plus de transparence possible et de discrétion. J’ai choisit comme esche une tiger surmonté d’une petite pop up Raimbow IC1 nash rose. Selon moi, la noix tigré constitue un excellent appâts pour la saison automnale et son efficacité n’est plus à prouver. J’ai rajouté à celle-ci une petite pop up rose pour apporter une stimulation visuelle à l’appât et ainsi attirer un poisson curieux ou qui a faim. Au préalable, j’ai aussi percé ma tiger pour y insérer un morceau de liège et rendre l’équilibre de mon esche parfaite. De plus cette action diminue la densité de mon esche et celle-ci se rapproche de la densité de l’eau. Ce qui permettra une meilleur absorption et plus rapide de l’appât lorsque la carpe l’aspirera. Le tout est prêt et le coup de pinceau de spot on line me permet de bien relancer ma ligne. Quelques heures plus tard, je reçoit la visite de Maxime, le gérant du plan d’eau qui est d’une sympathie à toute épreuves. À l’annonce de ce poisson records, je vois qu’il est aussi content que moi d’autant plus que ce poissons est presque inconnu et il devient ainsi le nouveau record du plan d’eau. J’en suis tout autant fier. J’avais déjà eu le temps d’alerter quelques amis pour leur apprendre la nouvelle, eux aussi été fou et heureux pour moi à tel point que mon portable n’arrêtais plus de sonner.

Au coucher de soleil,un petit cliché s’impose pour immortaliser le moment et je pu m’empêcher d’annoncer moi-même la nouvelle sur les réseaux sociaux qui sont aujourd’hui un moyen de plus de partager notre passion. Confiant pour la nuit en voyant quelques signes d’activité sur mon amorçage, je me réveille le lendemain sans aucune touche mais surtout avec un froid glacial. Le vent à tourné et je vois déjà que les poissons on bougé. La météo ne l’avais pas annoncé mais bon je vais essayer de m’adapter. Durant mes dernières 48h, je vais tout essayer, changer de stratégie.. Mais rien n’y feras, plus aucune carpe ne viendras me rendre visite. J’essaye alors de pousser la technique un peu plus loin pour que les présentations soient vraiment optimales. En effet, après avoir ramené quelques feuilles sur mes hameçons je décide de sortir le chod rig et le cling on tungsten liquid nash qui se trouve lui aussi sous forme liquide avec un pinceau. Il est très pratique, facile d’utilisation et permet souvent de nous adapter à de nombreuses situations. Je vais ainsi pécher avec des montages décollés pour protéger la pointe de l’hameçon de la couche de feuille et pour qu’ils soient opérationnels et très piquants. Je désespère un peu puisque les poissons ont désertés mon poste. J’aborde la nuit avec anxiété. Celle-ci fut encore très calme et très froide. Le thé et le café à répétitions sont certainement les armes qui me permettent de tenir.. De plus ce jour là, un autre pêcheur arrive sur le plan d’eau. Très sympathique nous allons beaucoup discuter et partager. Même si cela nous apporteras aucun poisson, les bons moments de partage dans ces conditions difficiles sont importants. Je change une dernière fois ma stratégie face aux changements de conditions. J’étais prévenu, les carpes suivent énormément le vent. Je décide alors de faire barrage en partant de mon amorçage puisque pour la dernière nuit, le vent me semble favorable. Je réalimente mon amorçage comme chaque jour mais une seule canne pêchera dessus, j’en positionnerai une trente mètres devant en périphérie et une autre 30 mètres derrière.

Niveau montage je change d’esche, je garde mon montage gagnant mais sur les deux autres cannes j’utilise des esches plastiques. On le dit souvent : le plastique c’est fantastique. Au vu de l’importante quantité d’asticots que j’ai dissimulé dans mon amorce j’utilise des magots d’asticots en plastiques pour piéger les carpes qui pourraient se laisser tenter à une frénésie d’asticots. Le montage est propre et présente bien. Je peux dormir tranquillement. Décidément, les températures chutes et je ne sais plus si je me réveille à 5h à cause d’un bip ou du froid mais je suis gelé. Je ne parviendrais pas à capturer d’autres poissons, je remballe ce matin dans le froid en souhaitant bon courage aux autres pêcheurs qui sont arrivés puisque je sais déjà que la suite sera difficile. J’ai tout de même entendu revenir quelques poissons se manifestant par des sauts mais ceux-ci étaient à plus de 200m et se sont vite déplacés encore plus loin. La chute des températures et les vents qui changent sans arrêt auront eu raison de moi. Mon amorçage n’aura que très peu été visité puisque la chute brutale des températures a littéralement cloué l’appétit des carpes.

En outre, j’ai découvert peu à peu au cours de ma session une quantité importante de nourriture naturelle présente sur ce plan d’eau. En effet, je retrouve beaucoup de petits escargots, de mollusques, de moules d’eau douce et de vers de vases. Pour autant, je reviendrais sur ce plan d’eau qui m’a permis de piéger une magnifique commune extraordinaire, et peut-être que j’aborderai une autre approche en essayant de ne pas trop me fier au indications météorologiques. Je sais d’ors et déjà, que nombreux seront ceux qui viendront pour traquer ce fish mais j’espère qu’elle saura tout de même rester discrète comme elle à pu le faire durant plusieurs années déjà.

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