La bouillette est un appât formidable se suffisant à lui-même dans la plupart des situations. Sur les sessions de longues durées, j’entends par là supérieures à 4 jours, on peut voir deux types d’approches au bord de l’eau. Certains pêcheurs se contentent d’emmener avec eux un appât unique qui a toute leur confiance. D’autres cumulent différentes sortes de bouillettes pour faire face à toutes les situations possibles et pour essayer de s’adapter au goût du jour des poissons. Personnellement, je pense que chaque appât a une application précise dépendant de l’approche souhaitée, du lieu et de la saison. Connaissant par avance ces paramètres, ma logique voudrait que je n’utilise qu’un seul appât par session. Or sur de longues durées mes objectifs évoluent et il me faut adapter mes bouillettes au fil de la session.

Je vais vous présenter ici l’approche que j’ai des pêches de longues durées en faisant varier mes appâts.

 

Les fondements de la stratégie :

Pour commencer, il y a de multiples intérêts à faire varier ces appâts au cours d’une session. Tout d’abord, cela permet de contrer la méfiance de poissons se nourrissant d’un appât unique auquel ils ont déjà était confrontés. Je pense que les carpes sont sensibles au stress de leurs congénères. Des prises à répétition sur un même amorçage et sur une longue période peuvent les rendre méfiantes. Elles vont associer ces pics de stress aux billes consommées. Les départs vont chuter, les touches seront  moins franches et le nombre de poissons sur le tapis va logiquement être plus faible. D’autre part, faire évoluer ces appâts permet de toujours proposer une nourriture en rapport avec les besoins directs des poissons. Proposer quelques billes instantanées revient à donner des friandises aux poissons. Ils s’y intéresseront mais seulement sur une courte période. Essayer de maintenir sur plusieurs jours un spot avec ce genre d’appâts serait une perte de temps. C’est pour cela que j’utilise le terme « nourriture », car pour maintenir longtemps des poissons il faut que les billes soient assimilées comme une source de nourriture. Toutes les billes ne sont pas faites pour donner ces réponses et outre leur qualité, c’est leur composition qui va en dicter le choix.

Si mon approche devait être résumée en quelques mots, se serait d’attirer les poissons rapidement avec des appâts instantanés,  les maintenir longtemps sur mon coup avec des bouillettes accaparées à une source de nourriture et ruser en fin de session pour exploiter les dernières ressources de mon spot.  La finalité de mon approche est simple : avoir des résultats qui, en début de session, démarrent forts en nombre de départs et qui évoluent vers la prise de poissons plus gros en fin de session.

Connaître ses appâts pour mieux les utiliser :

Comme je l’ai dit, l’utilisation d’une bouillette est dictée par sa composition et donc son temps de réponse. Si l’on se penche sur les billes de la gamme CC Moore, on peut distinguer deux  catégories en temps de réponse. Il y a des billes rapides comme les N-Gage XP ou les Equinox. Ces deux billes, aux compositions bien différentes, sont basées sur des éléments rapidement attractifs comme des protéines et  des extraits très solubles. Elles sont rapidement localisables par les poissons et sont assimilées sur des périodes très courtes. Les Equinox me donnent régulièrement des départs sur les premières heures de pêche alors que les poissons ne les ont jamais croisés auparavant. La gamme CC Moore comporte aussi des billes plus équilibrées, plus digestes mais toutes aussi attractives destinées à des actions sur le moyen ou long terme. C’est le cas par exemple des Odyssey XXX , appât roi pour les ALT ou pour les pêches face à des poissons fixés sur la nourriture naturelle.

En combinant ces appâts il est possible d’avoir une attraction optimale tout au long d’une session qui s’étale sur plusieurs jours. Pour présenter l’évolution du choix de mes appâts, je vais décrire  mon approche point par point sur une gravière avec une large population de poissons allant de 5 à plus de 20 kg. Le spot pêché est un haut fond d’une cinquantaine de mètres carrés. Il est important pour ce genre de stratégie de choisir une zone d’alimentation de grande taille. Sur des zones de tailles réduites, je me contente de ne pêcher que pour un seul poisson à chaque fois au spot.

Première étape : Le rendement.

Lorsque j’ai plusieurs jours de programmer au bord de l’eau, j’aime rentrer dans le vif du sujet en débutant par une pêche de rendement. Cependant avant de commencer à benner de grandes quantités d’appâts, je m’oblige à pêcher au moins une douzaine d’heure au spot avec seulement un stick PVA et une poignée de billes. Ainsi je m’assure que le spot repéré est correct et qu’il a assez de potentiel pour que je mette en place ma stratégie.

Avant d’amorcer lourdement, je m’oblige à pêcher quelques heures au spot pour juger le potentiel du secteur.

Avant d’amorcer lourdement, je m’oblige à pêcher quelques heures au spot pour juger le potentiel du secteur.

Si les poissons sont bien présents j’augmente alors sensiblement mes quantités d’amorçage en allant de 3 à 5 kg de billes rapides, très souvent des N-Gage XP mais que je tends à remplacer par les Equinox. Je veux mettre les poissons en activité sans me soucier de leur taille. C’est pourquoi j’utilise en priorité de petits appâts allant de 10 à 15 mm. Les poissons entrent alors en concurrence alimentaire, souhaitant tous consommer au plus vite les friandises proposées. Ce surplus d’activité attire irrémédiablement d’autres poissons … Le rappel d’amorçage est constant avec 500 gr à 1 kg de billes distribuées toutes les 4 à 6 heures. Mon amorçage se fait au cobra pour qu’il soit dispersé sur toute la zone forçant les poissons à nager d’appât en appât. Lorsqu’il croise un montage, il s’en saisisse rapidement et en mouvement donnant des piqures propres et des départs marqués.

Les montages que j’utilise sont des blow-backs rigs de petites tailles. Ils sont eschés d’un snowman en 15mm avec une pop-up de couleur vive pour un attrait visuel marqué. Les petits poissons sont très sensibles à ces petits appâts colorés qui se démarquent du reste de l’amorçage.

Lorsque les poissons sont en concurrence alimentaire, les doublets ne sont pas rares.

Lorsque les poissons sont en concurrence alimentaire, les doublets ne sont pas rares.

Cette première approche destinée à du rendement s’étale sur les 24 premières heures de ma session. Cette durée correspond pour moi à la durée d’action optimale des billes utilisées. Passé ce délai, les poissons ne trouvent pas les éléments nécessaires à leur nutrition dans ces appâts et ils s’en délaissent.

La pêche au gros …

 

Avant que l’attrait des billes instantanées ne diminue, j’ajoute à mon amorçage une part croissante de billes plus adaptées à des pêches de plus longues durées. Le plus souvent, j’utilise les Odyssey XXX.

Souhaitant cibler des poissons plus gros, la taille de mes appâts varie aussi passant du 15 mm à des appâts de 18 mm voir 24 mm. Mes montages diffèrent eux aussi, devenant plus robustes.

Au niveau des esches, j’évite d’utiliser des appâts visuellement attractifs. En effet, j’ai remarqué ces dernières années que les appâts contrastant fortement avec l’amorçage offraient des touches plus rapides mais que les poissons étaient plus petits. A l’inverse pêcher avec des billes similaires au reste de l’amorçage permet de sélectionner la taille des prises. Je varie donc entre  une unique bille de 18 mm ou un cork dust wafter.

Mes quantités d’amorçage restent toujours élevées mais je ne fais plus de rappel. Je me contente de disperser 5 kg de billes aux heures creuses de la journée (souvent en milieu d’après midi) pour ne pas déranger les poissons sur le coup le reste du temps.

Il est temps de ruser !

Après quelques jours de pêche intensive, la méfiance des poissons augmente. Les conséquences en sont des départs moins nombreux et moins francs avec des piqûres moins propres car les poissons se saisissent plus timidement des appâts. La première chose à faire est d’utiliser un montage plus agressif pour des poissons peu mobiles. Plombs in-line lourds et bas de ligne très courts sont de rigueurs.

Il est possible de continuer à  prendre des poissons en utilisant un appât très différent de ceux de base pour créer un contraste. Pour cela, l’appât roi est sans conteste la Live System. Je l’utilise en spot, avec une poignée de billes autour de chaque montage. Les poissons réagissent très souvent positivement à cette stratégie.

En observant les pêcheurs côtoyant les mêmes plans d’eau que moi, j’ai pu constater qu’ils ont tendant à amorcer plus en fin de session pour espérer prendre un gros poisson. Je pense que les gros poissons (et donc les plus vieux) se sont accoutumés à ces approches et qu’ils se méfient des zones lourdement amorcées de billes fraiches. Ils attendent que les billes se délavent, montrant qu’elles sont là depuis assez longtemps pour ne pas présenter de danger, avant de s’en saisir.

Je fais donc l’inverse, stoppant tout amorçage les 24 dernières heures. Je me contente de pêcher en single, souvent avec une po-up NS1. Il m’arrive ainsi de piéger dans les dernières heures de mes sessions des poissons de belles tailles qui entrent enfin sur ma zone …

Les NS1 sont idéales pour pêcher en single autour d’un amorçage

Les NS1 sont idéales pour pêcher en single autour d’un amorçage

Pour conclure, mon approche me permet d’avoir des résultats convenable lors de session de plusieurs jours. Même si je suis du genre à privilégier un appât par situation, il est devenu évident pour moi que sur de longues sessions, varier ses appâts augmente sensiblement les résultats. A comparer à une approche avec un appât unique qui apporte beaucoup de départs au début et plus rien en fin de session pour les billes instantanées, je pense que la rentabilité de ma stratégie est bonne !

Astuce :

Lorsque vous êtes confrontés à des poissons qui ne se nourrissent pas d’appâts fraîchement introduits, délavés vos appâts en les faisant tremper 12 à 24h dans l’eau du lac. Les résultats n’en seront que plus rapides avec la prise de poissons très méfiants et souvent au poids plus qu’intéressant.

Texte et crédit photos: Jordan BERNAILLE ( Consultant CCMoore France )

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Une réponse

  1. Jon

    Merci pour ce récit Jordan, belle approche que je testerais au bord de l’eau 😉

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