La voilà! La tan attendu période de redoux. C’est traditionnellement à ce moment de l’année que les pêcheurs sortent de la trêve hivernale ; et pourtant c’est personnellement la période que j’appréhende le plus dans l’année. Certes la météo s’améliore depuis deux semaines mais ne vous fiez pas au soleil pour décider d’aller à la pêche car la température de l’eau est encore hivernale. Chez moi dans le nord, j’ai mesuré le lundi 9 mars : 6.5°C en bordure; et pourtant la veille il faisait pratiquement 20°C dans l’air. Ne vous trompez pas ; les conditions sont loin d’être faciles. Qu’est-ce-qui rend la pêche si difficile? Une météo souvent très changeante, ou comme cette année, un soleil qui réchauffe les couches d’eau de surface. Quelle est la pire des situations ? Difficile à dire mais quoi qu’il arrive c’est l’un ou l’autre, on ne peut y échapper.
Deuxième difficulté : la foule de pêcheurs qui grossit de jour en jour. Si comme moi vous pêchez tout l’hiver vous avez un avantage sur les pêcheurs qui s’arrêtent pendant quelques mois. Vous savez apprécier l’influence de la météo et surtout adapter la quantité d’amorçage. Chaque année c’est la même chose ; aux premiers rayons de soleil, les berges se remplissent et bien souvent les pêcheurs amorcent bien plus qu’il ne faut. Ne l’oubliez pas l’eau est encore très froide et les carpes ont un appétit encore très modéré.
De plus, la moindre variation météorologique peu leurs cloués les lèvres pour un petit moment. Un bon conseil ; fuyez les zones trop facilement accessibles où tous les week-ends, des kilos d’amorces tombent au fond de l’eau.
Encore plus que le reste de l’année, une attention particulière doit être porté au repérage et à la météo. Non pas pour guetter le moindre rayon de soleil mais bien pour anticiper les déplacements des carpes. L’approche idéale pour le début de saison est de décider le poste à exploiter au dernier moment ; la veille est vraiment le maximum, j’y reviendrais plus loin. Idéalement je me promène pendant un bon moment sur les berges et je pêche sur des poissons en activité. L’eau est encore bien claire et trouver les poissons n’est pas très dur ; les prendre un peu plus tout de même… je vous l’ai dit plus haut, l’eau n’est pas encore très chaude et placer trop d’amorce peut être un mauvais choix ; je préfère utiliser une approche en single-hook bait, au sac soluble ou avec un plomb method-feeder. La dernière solution ayant depuis le début d’année ma préférence ; elle est plus rapide à mettre en place qu’un sac soluble et l’attraction apportée par un peu de farine, un plus non négligeable. J’ai déjà vu des carpes (et même des carassins) passer à quelques centimètres d’une fluo que je considère pourtant comme très efficace alors qu’une petite boule d’amorce les rend complètement dingues.
Et si ?…
Si vous ne trouvez pas les poissons, il va bien falloir vous positionner quelque part. On peut s’en sortir correctement avec un peu de logique. Je suis convaincu que les poissons ne cherchent pas forcément à se nourrir mais plutôt à se réchauffer. Il n’y a qu’à se promener une journée de soleil pour voir des poissons en surface. Un ami a passé l’échosondeur sur le lac où il pêchait ce week-end et a trouvé énormément de poissons entre deux eaux ; je vous le rappelle l’eau n’était qu’à 6°C. Il faut donc trouver la zone où l’eau est un peu plus chaude. Evidemment les zones les moins profondes se réchauffent plus vite. Je suis convaincu que les carpes passent encore beaucoup de temps sur les bordures et deuxième argument qui renforce mon choix : une bordure balayée par une légère brise (Tan qu’elle est plus chaude que l’eau) est aussi un peu plus chaude car le léger courant qu’elle provoque, apporte un peu plus de chaleur.
J’ai prospecté le week-end dernier sur un plan d’eau d’une dizaine d’hectares. Il faisait très beau et pas loin de 20°C ; les poissons ne veulent pas se montrer mais j’amorce près d’une berge sans avoir aperçu la moindre écaille. En arrivant le lendemain, je mesure 6°C sur ma berge. Le vent va souffler toute la journée dans ma direction et l’eau va atteindre un peu plus de 7°C vers 17hs et enfin avoir une touche. Coïncidence ? Peu être. Au fond de moi je suis sûr que non.
Les bordures caillouteuses sont de bons postes également car les pierres vont accumuler de la chaleur et la restituer pendant quelques heures. J’ai observé une belle commune sur un canal grand gabarit dans moins de 50 cm d’eau sur une plage de galet, alors qu’il est extrêmement rare de voir les poissons sur ce type d’eau. En mesurant la température de l’eau je me suis aperçu qu’elle était 1°C plus chauds que partout ailleurs. Les carpes avaient bien compris où trouver un peu de chaleur.
Dans l’absolu, je recherche un poste de bordure bien ensoleillé et dans le vent. Avec l’expérience je me suis aperçu que les plateaux situés au large ne sont pas encore intéressants à pêcher. Il faut encore patienter au moins un mois pour qu’ils soient productifs.
Concernant l’amorçage mis en place : je fais encore une fois confiance aux farines et j’ajoute un peu de nourriture sous la forme de bouillettes passées au krusha et quelques noix tigrées. Mon mélange est composé de produits issus de la gamme CC Moore et contient du milk’n nut crush (un mélange de farines lactées et de différentes noix broyées), quelques noix tigrées, des bouillettes N-gage ou Live-System broyées, des pellets de la même gamme et je colle le tout avec le jus de fermentation des noix. Au final il n’y a dedans pas grand-chose de nourrissant mais beaucoup d’attraction. Je démarre avec une dizaine de boule sur une largeur de dix mètres et j’y place deux cannes.
Faites très attention à ne pas vous enfermer sur le poste amorcé et gardez l’esprit très ouvert ; si vous voyez de l’activité quelque part, placez-y une canne. C’est d’ailleurs la seule période de l’année où je pêche avec trois cannes. J’ai toujours une canne qui pêche en single que je déplace régulièrement et surtout que je relève pour la placer rapidement sur les carpes.
Début mars 2012, j’amorce un poste sur une bordure où l’herbe commence déjà à pousser. Comme d’habitude, la veille je mets à l’eau mon petit mélange de farine et de billes broyées. Je n’ai pas de touche la première heure mais j’observe quelques bulles à trente mètres de l’amorçage. Je suis confiant, les poissons font finir par nager ces quelques mètres. Une heure plus tard, je n’ai toujours pas eu de touche et l’activité des poissons a redoublé. Je relève la canne qui pêche une fosse de trois mètres en single pour la placer dans les poissons et forcement je prends trois poissons en moins de trois heures… mais ce n’est pas fini. Je reviens deux jours plus tard avec un ami, on ne cherche pas trop et on s’installe sur le poste où j’ai bien réussi. La technique est la même, on étale deux cannes chacun sur la zone ; pour un résultat bien maigre : pas une touche en sept heures de pêche. Les poissons avaient bougé je ne sais où…
J’ai toujours cette petite histoire en tête pour me rappeler qu’en début de saison rien n’est acquis, il faut vraiment être à l’affut du moindre signe de poisson et ne pas hésiter à déménager. L’idéal est de choisir un poste avec un large champ de vision et de garder une approche light avec peu d’amorce. Cet article ne serait pas complet, si je ne vous parlais pas de la pêche au zig. C’est une tactique alternative qui mérite qu’on s’y intéresse au début du printemps. Même si je m’y intéresse depuis quelques années, mes résultats ne sont pas encore satisfaisants pour pouvoir être crédibles. J’essaie de m’améliorer et j’espère pouvoir développer beaucoup plus sur cette méthode l’année prochaine.
C’est vraiment une période ingrate qu’il n’est pas évident de négocier ; les résultats sont rarement à la hauteur de nos espérances. Il faut positiver et apprécier chaque poisson ; ils valent de l’or, autant que chaque prise hivernale.
Texte et crédit photos: Cédric DZIADEK
Je viens de lire l’article au bord de l’eau ce matin, j’ai changé mon approche au niveau de la zone de peche et ca a payé !
Merci 😉