2015 commence à peine et beaucoup d’entre nous ont des projets plein la tête.
Je ne connais aucun pêcheur qui ne pêche que sur un seul lac. Tous on des envies de découverte qui permettent en quelque sorte de « relancer la machine ». La carpe est présente, je pense, dans tous les lacs et rivière de France et même si on a toujours un plan d’eau de prédilection, la richesse piscicole de notre pays nous permet de pouvoir se déplacer avec de grandes chances de succès.
Pour ma part, je ne change pas de lac toutes les semaines. Je sais que beaucoup volent de plan d’eau en plan d’eau, mais je pense qu’en procédant ainsi on ne peu pas aller au fond des choses et que certainement on manque les plus gros poissons. Je ne suis pas un specimen hunter, mais j’aime quand je m’intéresse à un plan d’eau, m’y poser au moins une saison pour en découvrir tous les secrets et pourquoi pas un très gros poisson. Attention je ne pêche pas qu’un seul lac ou bief de canal pendant cette période, et je le prends plus comme un « fil rouge », mais ce sera LE lac ou je vais m’investir à fond.
Avant tout, pour que je m’intéresse à un plan d’eau, il faut qu’un certain feeling s’installe entre nous. Pour cela il faut qu’il soit beau, et si possible pas trop surchargé de pêcheurs. Il faut avouer qu’à partir du milieu de l’automne et jusqu’au début du printemps, un plan d’eau n’est pas beau, la nature est endormie, pas de feuille sur les arbres, de la boue, du vent… bref tout vous pousse à rester dans le biwy, c’est donc une période peu propice à l’observation
Je m’interdis toute pêche sur une nouvelle eau pendant cette période et préfère me cantonner aux lieux que je connais le mieux. En plus la pêche est loin d’être simple, et à moins d’avoir de très bonnes infos, vous risquez d’attendre longtemps vos premières prises.
Je suis sûr que quand vous pêchez au mois de janvier et février, vous voyez toujours de nouvelles têtes se promener et aller à la pêche aux infos. Au bout d’un mois sans touches, vous ne les voyez plus de l’année. Croyez moi restez sur vos lacs préférés l’hiver, vous y ferez de bien meilleures pêches.
Idéalement on arrive fin avril sur un nouveau lac ; les oiseaux chantent, les arbres sont bien vert et avec un peu de chance la température de l’eau atteint les 14/15°c.
Voilà comment je procède. Au lieu de passer du temps à observer l’eau et chercher les poissons, je préfère de loin pêcher et observer en même temps. Je pense que vous serez d’accord avec moi quand j’affirme que l’on voit peu de poissons sauter ou fouiller en pleine journée. Les pics d’activité des poissons sont au levé ou au couché du soleil ; hors combien d’entre nous peuvent se permettre des promenades de plusieurs heures pendant cette période? Je pense que pêcher et observer en même temps est plus rentable, au moins vos lignes sont à l’eau et peuvent prendre un poisson.
Par contre, j’essaie de mettre le maximum de chances de mon côté. Imaginons un lac de 10 hectares. Je divise les 10 hectares en plusieurs très grandes zones. Je choisi un poste dans cette grande zone qui va me permettre d’observer un maximum de surface d’eau. Je sonde cette zone au millimètre, car pour moi il est très important de trouver une configuration de fond qui va retenir la nourriture.
Fin avril est une période où l’on peu se permettre d’amorcer, même si vous vous êtes trompé de poste, les indésirables sont actifs et consomment une bonne partie de ce qui tombe à l’eau. Donc, j’essaie de trouver 2 postes productifs pour 2 cannes et j’y effectue au moins un pré-amorçage (2 est parfait) d’ 1 kg de bille dans un cercle de 15 à 20 mètre de diamètre au spomb en espaçant les impacts. C’est une stratégie très efficace qui met les poissons en confiance car ils consomment des appâts en se déplaçant de tas en tas jusqu’à tomber sur un petit tas piégé. Elle a aussi l’avantage de moins intéresser les brèmes et autres poissons blancs.
Je garde la troisième canne pour une pêche au sac soluble, au feeder ou plus simplement en single-hook que je déplace régulièrement sur des postes repérer pendant la phase de sondage mais sur lesquels je n’ai pas amorcé. En cas d’échec sur une zone, je lui laisse une deuxième chance. Sinon je me déplace sur une autre mais en cas de succès, déplacez vous quand même car il est important de connaitre le potentiel de chaque secteur du lac. Je pêche 2 à 3 fois par semaine et en peu de temps (selon la taille du plan d’eau) je me fais rapidement une idée du potentiel de chaque zone.
Je voudrais revenir sur la taille des appâts que je mets à l’eau pour mes pré-amorçages. La mode est aux billes de petites tailles, même si je suis convaincu de leurs efficacités il faut tout de même comprendre qu’ils ne plaisent pas qu’aux carpes. A cette période de l’année, l’activité des blancs et souvent plus importante que celle des carpes et j’estime qu’en utilisant des bouillettes de moins de 18mm, une bonne partie du kg que vous avez mis au fond de l’eau aura disparu avant que les carpes ne le trouve. Pour être plus serein, j’utilise comme tout le reste de l’année un mélange à part égale de 18 et de 24mm coupées en deux ; depuis cette saison, j’ai adopté un léger nappage (24 heures avant) sur l’amorçage qui selon moi est un réel plus : le Feed-Stim XP de CC Moore a toutes mes préférences.
Autre petite astuce mais qui améliore nettement les résultats : pour 2 raisons, je mets le poste au repos au moins 24h avant la pêche. Premièrement, les poissons ne sont pas très actifs et 1kg de bouillette est déjà de trop ; 24h est suffisant pour que le poste soit nettoyé pas les blancs et quelques carpes, j’arrive donc sur un poste sain.
Deuxièmement : dans l’idéal vos appâts ont intéressé des carpes, elles ont tout mangé et là c’est encore mieux puisque vos montages vont intéresser un poisson rapidement.
Je m’abstiens également d’ajouter une seule bouillette autre que mon esche accompagné d’un stick, pendant les 2 premières heures de la pêche. Ce qui veut dire que la seule bouillette qu’il a tant apprécié depuis quelques jours se trouve sur mon montage piégé. J’applique systématiquement ces 2 règles dans toutes les pêches de plus de 4/5 heures et les résultats sont souvent très bons avec un ou deux poissons très rapidement. Passé ces quelques heures je mets en place un amorçage de rappel ou un amorçage plus conséquent mais en seule fois.
Je sais aussi que beaucoup d’entre nous changent d’appât régulièrement, le choix est pléthorique mais croyez moi, garder le même appât est très important quand vous vous investissez sur un lac.
Premièrement, je pêche 100% bouillette, elles sont plus sélectives que les graines. Certains aiment introduire des graines prétextant attirer les brèmes qui attireront à leurs tours les carpes. Et là je ne suis pas d’accord; le bruit occasionné par les combats, les relances, etc… est pour moi plus gênant que bénéfique. Les graines attirent certainement plus rapidement les carpes mais comme je prends toujours le temps de faire des pré-amorçages, ce petit inconvénient est annulé.
Deuxièmement, je n’emploie qu’une seule et unique bouillette tout au long de l’année. J’ai toujours basé ma stratégie de pêche sur un appât unique. Le principe est simple : si vous amorcez un poste sans résultats, il restera toujours quelques appâts libres quand une carpe arrivera ; vous prenez des carpes sur un poste mais certaines auront quand même consommé des appâts. Les appâts trouvés régulièrement par les carpes ne sont certainement pas associés à quelque chose de ‘’naturel’’ mais en tout cas à quelque chose de non dangereux. Bref le temps joue en votre faveur et chaque bille qui tombe à l’eau met les poissons en confiance. Donc au final sans le vouloir vous faites un amorçage de long terme (ALT) dont l’efficacité n’est plus à démontrer.
Je le répète si vous voulez vous poser sur un lac pour une année, il faut réfléchir à une stratégie de long terme ; utiliser une seule bouillette toute l’année est pour moi la meilleure et j’utilise avec une grande confiance la N-Gage XP de CC Moore.
Au fils des semaines vous avez tenté votre chance sur un grand nombre de postes, vous avez peu être pris un bon nombre de poissons mais surtout vous avez beaucoup appris sur les habitudes des carpes et encore plus important sur les secteurs les plus productifs ou ceux où la moyenne de poids est plus élevée.
Ces secteurs existent sur toutes les eaux où j’ai pêchées, même sur les petits plans d’eau de quelques hectares. J’en ignore la raison ; certains avancent l’hypothèse d’une nourriture plus appropriée aux grosses carpes, mais je pense que la pression de pêche doit avoir de l’importance aussi.
Les secteurs qui m’ont rapportés beaucoup de touches ou une moyenne de poids plus importante sont toujours ceux où j’ai dus marcher longtemps pour les atteindre. Ces secteurs sont toujours plus tranquilles que ceux facilement accessibles. Attention tout de même à ne pas généraliser, seuls vos résultats de pêche vous permettront de vous faire une idée réaliste.
Le but de cette période de découverte est d’être sûr de se placer au bon endroit pour la meilleure période de l’année : l’automne.
En automne, j’amorce toujours très large, en diagonale pour couvrir beaucoup d’espace et principalement avec des 24mm. Je laisse tomber le spomb et je sors le tube lance bouillette, pour avoir un éparpillement conséquent.
Pour des raisons de coût, je ne peu me permettre des amorçages avec des grandes quantités de bouillettes ; 5kg est vraiment le maximum mais souvent c’est seulement 2 à 3kg par amorçage. Par contre, j’ai un avantage énorme par rapport aux autres pêcheurs; ma bouillette est connue et appréciée par les carpes depuis longtemps ; 2 kg deux fois par semaine est donc suffisant pour entretenir un poste et espérer une bonne pêche. Là encore je laisse le poste à la diète au moins 24h et aussi pendant les premières heures de pêche.
Pendant cette période je pêche 2 fois par semaine, généralement le lundi et le jeudi. Je relance 2kg d’appâts sur toute la zone à la fin de la pêche. Je n’ai donc pas à me déplacer pour un nouvel amorçage ; ça me permet aussi d’être discret et d’éviter les ‘’crabes’’.
Ensuite viens l’hiver, période normalement moins chargée en pêcheurs (même si c’est de moins en moins vrai). Chez moi la pêche hivernale débute début décembre. Une zone qui vous a réussi l’automne doit produire aussi en hiver. Bien souvent à la fin de l’automne la zone productive que vous pêchez depuis 2 mois se rétrécie et les touches ont lieu sur une seule canne. Je concentre mon amorçage sur celle-ci et je ressors le spomb pour avoir un amorçage concentré et très précis sur quelques m2 pour y grouper 2 cannes. Les surprises étant rares en dehors de l’amorçage, je ne me charge pas d’une troisième canne.
Attention tout de même à ne pas insister sur un poste qui ne vous rapporte rien au risque de passer à côté de la pêche tout l’hiver. Pour être sûr de mon coup je prends soin de préparer un deuxième poste. J’alterne la pêche sur les 2 postes et je me donne un mois pour déterminer lequel est le plus productif ; ensuite je me fixe sur celui qui est le plus régulier des deux jusque la fin de l’hiver.
Les appâts distribués sont évidemment les mêmes que depuis le début de l’année mais j’introduis pendant la pêche des asticots, très efficaces en hiver. Les diamètres sont aussi les mêmes, un mélange de 18 et de 24mm coupées en deux. Pas de petites billes car j’ai déjà pris des séries de brèmes incroyables même dans une eau à 5°C. La quantité d’appâts introduite étant moindre, il est important que tout finisse dans l’estomac des carpes et non pas dans celui des brèmes.
Une petite histoire me revient en tête qui va vous convaincre de garder la même bouillette toute l’année. Début décembre 2013 je participe à un ‘’enduro’’ au profit du Téléthon. Je mets le mot enduro entre parenthèse car ça n’en était pas vraiment un. C’était plus organisé comme une pêche entre amis pour récolter de l’argent. Les postes étaient choisis au fur à mesure du tirage au sort, mon tour vient en 8ème position ; les bons postes son partis et je me retrouve en plein milieu de l’étang dans 10 centimètres de boue. Par contre j’ai pêché le lac pendant toute l’année et bombardé aux N-Gage XP. Résultats : 9 carpes de 6 à 14kg, soit au total autant que tous les autres réunis. On peu être parler de coup de chance, mais comment expliquer que le poste que j’entretenais depuis quinze jours et où j’ai fais une très bonne pêche moins de 3 jours avant le début de l’enduro ne rapporte que deux petits poissons aux pêcheurs qui l’exploite ?
Je pense que le ‘’conditionnement’’ sur mes bouillettes depuis le début de l’année m’a beaucoup aidé. En entend souvent dire que les appâts carné sont inefficaces en eau froide car ils se digèrent difficilement et pourtant la N-Gage est une bille carnée et mes résultats sont toujours très bons en hiver. En tout cas suite à l’enduro beaucoup de pêcheurs les utilisent et ne s’en plaignent pas.
J’ajoute un petit paragraphe sur les montages car il est tout à fait possible d’avoir un montage qui soit efficace tout au long de l’année en lui apportant quelques modifications.
J’utilise dans 90% des cas une tresse gainée du type Tungskin de Thinking angler.
J’adapte simplement la longueur au substrat et au type d’amorçage. En gros je simplifie en disant : plus le fond est dur, plus le bas de ligne sera court et plus j’amorce large plus le bas de ligne sera long. Dans la pratique, on obtient un bas de ligne compris entre 18 et 30cm esché avec un wafter ou une bouillette allégée par une bille de liège.
Voilà la boucle est bouclée, mon année sur ce nouveau lac s’achève. De cette manière je suis sûr d’avoir été au bout de ma quête. Il est vraiment important de ne pas négliger la phase de recherche et découverte pour être au top l’automne et l’hiver.
Certains ont pour objectif dans leur saison un poisson particulier (souvent un gros), je suis persuadé qu’en suivant ces quelques préceptes vous pourriez l’atteindre. Pour ma part l’essentiel n’a jamais été les gros poissons, mais bien de découvrir un lac en totalité simplement parce que je m’y sentais bien.
Texte et photos: Cédric DZIADEK – Team CC MOORE
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